On pense tomber sur une image de guerre, une manifestation géante ou un portrait politique et on découvre, en bas de la page 5, une vue du Salon des arts ménagers à Paris. La première photo jamais publiée dans Le Monde concerne des frigos et des aspirateurs. La date, le 3 mars 1949, réserve une autre surprise. Mais que vient faire ce cliché, par ailleurs trop fade, dans un journal qui a bâti sa réputation sur le fait de ne jamais en publier ? Il raconte une histoire chaotique.
La photographie est aujourd’hui partout dans Le Monde – le quotidien, le site Internet, le magazine –, portée par des moyens financiers que seul Paris Match peut surpasser en France. Mais le chemin vers l’image a été long et lent, tracé dans l’indifférence, l’adversité, l’engueulade et la douleur. Parce que la culture de ce journal est d’abord celle des mots. « Le Monde et la photo, c’est de l’amour-haine », nous a confié, à la suite d’une énième tension sur le sujet, le journaliste Jean-Pierre Quélin (1941-2001), un acteur de cette aventure.
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