L’animateur vedette de télévision et agent immobilier Stéphane Plaza est jugé, jeudi 9 janvier, devant le tribunal correctionnel de Paris pour des violences régulières sur deux anciennes compagnes, ce qu’il conteste. Il aurait dû être jugé en août, mais il ne s’était pas présenté à l’audience, en raison, selon sa défense, de « fragilités psychologiques ». Ce jeudi, il s’est présenté à la barre.
L’agent immobilier de 54 ans est jugé pour « violences habituelles physiques et/ou psychologiques par concubin » entre 2018 et 2022 contre une ancienne compagne, Amandine, ainsi que pour « violences habituelles psychologiques par concubin » envers une autre, Paola, entre 2021 et 2022. Une incapacité totale de travail (qui définit la gravité des répercussions sur la santé) supérieure à huit jours a été établie pour ces deux femmes, qui sont présentes à l’audience.
Stéphane Plaza, qui encourt dix ans de prison et 150 000 euros d’amende, conteste ces accusations, auxquelles s’ajoutent des menaces dénoncées par une troisième ex-compagne. « M. Plaza a fait tout le nécessaire aujourd’hui pour être là », a assuré jeudi son avocat, Me Carlo Alberto Brusa. Il a fustigé un « rouleau compresseur » s’étant acharné, selon lui, sur son client.
« Un petit champ de ruines »
« J’ai beaucoup de respect pour les parties civiles, qui ont certainement souffert d’une rupture amoureuse », mais elles cherchent à « détruire » M. Plaza, et elles « ont déjà entrepris un petit champ de ruines », a avancé Me Brusa. L’avocat a dénoncé une enquête à charge, véritable « tsunami » judiciaire, contre lequel la défense a formulé des demandes de nullité pour plusieurs raisons, notamment pour ne pas avoir eu accès, selon Me Brusa, à l’intégralité des pièces de la procédure.
« Je regrette le temps perdu [à cause] de ces nullités », a rétorqué la procureure, ajoutant : « Ce n’est pas digne, même si c’est un dossier tristement banal, il ne l’est pas pour les parties civiles présentes. » Le tribunal a décidé de trancher ces questions de procédure ultérieurement pour s’attaquer au vif du sujet.
Au cours de l’enquête, Amandine a raconté plusieurs épisodes de violences, dont un au printemps 2022 : selon son récit, M. Plaza lui aurait tordu les doigts d’une main. Une radiographie a révélé deux luxations et un arrachement osseux. Adoptant un ton tantôt désolé, tantôt défensif, M. Plaza a envoyé plusieurs messages à Amandine, que le président du tribunal lit à l’audience. « Tu me pousses à bout, et je pète un plomb, voilà la réalité. L’homme le plus violent du monde. Je t’embrasse tendrement », lui a-t-il écrit, notamment.
« Je ne vois pas qu’elle a mal »
« Avec ce texto, on pourrait penser que vous reconnaissez avoir commis des violences », lui fait remarquer le président lors de l’audience. « C’est sorti de son contexte », assure M. Plaza. « Je lui prends les mains et je les écarte, mais je ne contrôle pas ma force car je suis dyspraxique et maladroit (…) et je ne vois pas qu’elle a mal », insiste-t-il, niant l’avoir étranglée.
« Il y a une force qui n’aurait pas dû être, c’est un incident malheureux », insiste-t-il. « J’ai blessé nombre de personnes, même sur des tournages. Moi-même j’ai pu me blesser accidentellement. »
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Parmi les maltraitances dénoncées, Amandine a décrit un séjour au Maroc, au cours duquel Stéphane Plaza, son compagnon et employeur, l’aurait humiliée auprès d’une personnalité marocaine en lui disant : « Je t’ai ramené une femme, je ne rigole pas, prends-la, c’est ton cadeau. »
Une « blague », balaie jeudi M. Plaza. « Avec le recul et les mentalités qui ont changé, peut-être que je ne la referais pas ». « Je ne l’ai pas rabaissée, je l’ai emmenée partout ! », a-t-il poursuivi. « Pour moi, la femme, c’est ce qu’il y a de plus beau. » « Il oscillait : il prenait soin de moi, mais ça pouvait changer en quarante-huit heures et tout s’écroul[ait] », a témoigné Amandine, qui continue de vivre dans « la peur ».
« Pourquoi ne pas avoir stoppé cette relation ? Elle a duré cinq ans », interroge le président.
« J’étais éprise, je travaillais pour lui, on vivait dans son appartement. Et il y avait des moments de mieux. Alors j’ai eu du mal à sortir de tout ça. »
Les avocats de M. Plaza ont versé au dossier des vidéos intimes d’Amandine, qu’elle a adressées à M. Plaza après leurs altercations. Une preuve, selon sa défense, qu’elle ne subissait pas de violences. La défense de M. Plaza fait « du revenge porn et c’est infractionnel », s’est indigné l’avocat d’Amandine, Me Benjamin Chouai.
Paola a de son côté décrit « un comportement changeant » de M. Plaza : paroles douces le soir, insultes le matin. « Vieille pute ! Bimbo ! », lui a-t-il dit quand elle a subi une augmentation mammaire pour davantage lui plaire. Elle affirme aussi avoir été mordue à une cuisse et une épaule.
Les accusations visant Stéphane Plaza avaient débuté en septembre 2023, avec la publication par Mediapart des témoignages de trois anciennes compagnes, qui dénonçaient des « humiliations, menaces, violences verbales et, pour deux d’entre elles, physiques ». Le média d’investigation évoquait aussi des « comportements problématiques » de la part de l’animateur dans le cadre professionnel. Le parquet avait ouvert une enquête pour violences conjugales peu après, à la suite de la réception de courriers de deux ex-compagnes de M. Plaza.
La plainte de Stéphane Plaza classée
Immédiatement après cet article de Mediapart, M. Plaza avait signalé dans un communiqué avoir porté plainte trois mois plus tôt, en juin, contre ces trois femmes pour harcèlement et cyberharcèlement. Son avocat a déclaré, lors de l’audience de jeudi, avoir été informé du classement sans suite de cette plainte, également dévoilé par Mediapart et que le parquet de Paris a confirmé à l’Agence Fance-Presse (AFP).
Dans ces investigations pour cyberharcèlement, une seule personne a été placée en garde à vue ces derniers mois, selon une source proche du dossier à l’AFP, confirmée par le parquet : Julie G., « ancienne compagne » de Stéphane Plaza. Cette femme avait pourtant déposé une plainte pour cyberharcèlement visant Paola et Amandine.
Contactée par l’AFP en décembre 2024, elle avait affirmé que, si elle avait été placée en garde à vue, c’est que les deux plaignantes contre l’animateur de M6 ont cherché à se dédouaner et ont voulu la « présenter comme le cerveau de cette machinerie » de harcèlement en ligne. Mais « c’est faux », avait-elle assuré, « la police a vérifié mon ordinateur et mon portable ».
Initialement agent immobilier, Stéphane Plaza est devenu une star du petit écran quand M6 l’a propulsé en 2006 à la tête des émissions « Recherche appartement ou maison » et « Maison à vendre » (2007), suivies de « Chasseurs d’appart » (2015). En l’absence de condamnation de l’animateur par la justice, M6 a exclu à plusieurs reprises de mettre fin à leur collaboration. A l’automne, plusieurs médias ont toutefois affirmé que la chaîne s’employait à « liquider » les émissions de Stéphane Plaza déjà en stock. Sollicitée en amont du procès par l’Agence France-Presse, la chaîne n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le Monde avec AFP