Le milliardaire sud-africain, qui ne fait que de rares apparitions au siège cairote de l’institution, laisse les pleins pouvoirs à son secrétaire général. Pendant ce temps, les comptes de la CAF sont dans le rouge, avec des irrégularités financières. Selon une enquête de Jeune Afrique (JA), la position de Patrice Motsepe à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF),est entrain de révéler un style de présidence distant et une gestion financière préoccupante qui soulèvent de nombreuses questions au sein du football africain.
Présent depuis 2021 après un intense lobbying du président de la FIFA Gianni Infantino, qui a conduit au retrait de plusieurs candidats de poids, Patrice Motsepe a rapidement marqué sa différence avec ses prédécesseurs. Quatrième fortune d’Afrique du Sud et premier milliardaire noir du pays, l’homme d’affaires cultive une distance peu commune avec l’institution qu’il dirige.
Cette distance se manifeste jusque dans ses habitudes quotidiennes. Comme le rapporte Jeune Afrique, « Il se déplace avec sa propre sécurité, son propre avion et, même, ses propres bouteilles d’eau. » Basé à Johannesburg, il ne fait que de rares apparitions au siège cairote de la CAF, uniquement « pour quelques heures, le temps d’assister aux réunions où sa présence est strictement nécessaire.
Son style de communication intrigue également. Selon les témoignages recueillis par le magazine, ceux qui l’ont côtoyé décrivent « un drôle de président qui parle beaucoup en conférence de presse sans répondre aux questions », avec des réponses alambiquées qui pourraient masquer une méconnaissance des dossiers.
Toutefois sa candidature fait face à une enquête révèlant une situation financière inquiétante car un rapport de la Commission d’audit et de conformité de la CAF, fait état d’une perte de 16 millions de dollars pour l’exercice clos au 30 juin 2023. Ces pertes, ventilées entre divers postes dont des « coûts techniques non attribués » et des « dépenses qui devraient être comptabilisées et enregistrées », portent le déficit total à 25 millions de dollars pour l’année 2022-2023
Les motivations réelles de Motsepe interrogent. Une source proche du dossier confie à Jeune Afrique : « Tout le monde disait que Motsepe était venu à la CAF parce qu’il avait besoin de se forger une stature de présidentiable pour succéder à son beau-frère Cyril Ramaphosa. » Si ce dernier a depuis été réélu, la question des ambitions de Motsepe reste entière.Malgré ces controverses, le 25 octobre dernier, Patrice Motsepe a officialisé sa candidature pour un second mandat. Tandis que l’Égyptien Hany Abo Rida est évoqué comme possible challenger, le président sortant devra rendre des comptes aux fédérations africaines et aux employés de la CAF.
Face aux critiques, Motsepe tente de rassurer. Il a notamment garanti devant le comité exécutif que la Commission d’audit pourrait mener ses investigations sans « crainte ni favoritisme ». Pourtant, ses actes semblent contredire ses paroles : le 22 octobre, lors de la 46ème assemblée ordinaire de la Confédération à Addis-Abeba, il a avalisé le rapport financier contesté pour 2022-2023.
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