Pendant que les Togolais, affamés et clochardisés par 58 années de gabegie, se ruent, comme dans une course au trésor, sur des tonnes de riz avariées déversées sur des dépotoirs, signes de la vallée de misère dans laquelle le régime de père en fils a précipité les populations, une propagande sans précédent est orchestrée autour du rapport Business Ready (B-Ready) de la Banque Mondiale qui présente notre pays comme un modèle de croissance inclusive et durable en Afrique. Ainsi, ce rapport classe le Togo 1er réformateur en Afrique de l’Ouest et au 3ème rang sur le continent.
D’après dame Ablamba Johnson, ministre et Secrétaire générale à la présidence de la République, cet exploit a été rendu possible grâce à la volonté politique des plus hautes autorités du pays qui ont su créer un cadre institutionnel, législatif et réglementaire favorable aux investissements privés.
On affirme par ailleurs que le Togo a enregistré une croissance économique soutenue au cours de ces dernières années, boostée par des investissements privés et publics de plus en plus importants. Ainsi, en 2023, rapporte-t-on, notre pays a affiché une croissance économique solide de 6,4% et devrait connaître en 2024 une croissance de 6,6%, hissant le Togo parmi les 20 économies du monde qui devraient enregistrer les taux de croissance économique les plus élevés. En lisant cette propagande à la nord-coréenne, quelqu’un qui ne connaît pas le Togo, le mettrait au rang de la Turquie, du Taiwan ou de la Suisse.
Après le fameux Doing Business qui a connu flop retentissant, nos gouvernants brandissent désormais B-Ready comme le miracle du siècle au Togo. « Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer ce qu’on veut leur faire dire », dixit Alfred Sauvy.
L’embellie d’une croissance dite à 6,4% n’arrive curieusement à freiner ni la pauvreté, ni la paupérisation qui se propage comme un feu de savane. Résultante, au quoitidien, les Togolais portent en bandoulière la misère et la pauvreté. Ces performances économiques chantées à cor et à cri, si elles existent réellement, ne concernent uniquement que Faure Gnassingbé et sa minorité « pilleuse ».
Sinon elles ne se ressentent guère dans le panier de la ménagère encore moins dans l’assiette de l’écrasante majorité des Togolais. Elles ne se traduisent non plus par des créations d’emplois au profit de la jeunesse. Toute la ferveur observée, depuis début octobre, autour de la DV Lottery (Loterie Visa) par les jeunes togolais, dans l’espoir d’obtenir un visa pour s’établir définitivement aux Etats-Unis d’Amérique, en dit long sur la misérabilissime vie à laquelle le régime a réduit les Togolais depuis 60 ans. Que dire de ces chiffres effrayants pour les concours de recrutements dans la fonction publique où on enregistre jusqu’à 50 000 dossiers de candidature pour moins de 1000 postes à pourvoir? Bref, comme le dit l’adage togolais, une seule panse repue ne peut suffire pour conclure qu’un peuple est heureux, et le pays très beau.
Pendant que les vuvuzela ont embouché la trompette de la propande pour chanter des louanges au régime, certains font preuve de dicernement. « Être réformateur, c’est lancer des réformes et les mener à terme. Sinon, cela reste de simple discours démagogiques », relève cet observateur.
« D’après votre propre rapport de mise en œuvre des réformes au 1er semestre 2024, vous étalez d’importantes lacunes et insuffisances dans la conduite des réformes. Vous reconnaissez vous-mêmes que la grande majorité des réformes lancées sont restées lettres mortes. Et les réalités du terrain telles que vécues par les citoyens togolais corroborent cet état de faillite gouvernementale. Dès lors, par quelle gymnastique ou contortion intellectuelle votre gouvernance se retrouve-t-elle propulsée au 3ème rang d’un classement des pays réformateurs d’Afrique devant le Bénin, le Burkina Faso et le Ghana? », s’interroge-t-il.
Il poursuit: « Un seul exemple actuel et factuel suffit à démonter et déconstruire ce classement : le fracassant échec de la réforme visant à désenclaver les territoires ruraux de l’Est-Mono. En effet, les paysans sont obligés de transporter leur production agricole à dos d’hommes, à la courte échelle, pour traverser les cours d’eau. (…) Où sont les 21 grands ponts modulaires mixtes acier-beton de type UNIBRIDGE dans les 5 régions, dont les travaux de construction ont été lancés au début du mois de mars dernier, pour un montant total de 77 Milliards de FCFA? ». Qu’est-ce que dame Ablamba Johnson a à dire pour sa défense?
M.A.
Source: libertetogo.tg