Dans une société très patriarcale comme la nôtre, le divorce est souvent mal jugé. Mais qu’on est-il réellement ? Le divorce peut-il être la solution quand une vie de famille n’est plus possible ? Ou bien faut-il se terrer dans le silence et supporter les caprices d’un mari pas très recommandable ?
Dans une société en perpétuelle mutation, les mœurs et les coutumes d’autrefois ont été relégués aux oubliettes. Pour une femme, demander le divorce n’est plus un tabou, au contraire, il peut être le début d’une nouvelle vie. Pendant très longtemps, la « divorcée » était jugée, mal regardée, bref, les regards n’étaient pas très tendres. Mais de nos jours, il est tout à fait normal pour une femme de réclamer le divorce. Face aux maris violents, ou volages, le divorce s’annonce comme le seul recours, ou la seule issue.
Dans notre pays, les femmes occupent de plus en plus de responsabilités, s’ajoutent à cela, la gestion du foyer et des enfants. Mais que faire quand les maris baissent les bras et abandonnent toutes les charges ?
L’indépendance financière
L’indépendance financière pour une femme est souvent une source de conflit. Plus elles subviennent aux besoins de la famille, plus certains hommes se sentent touchés dans leur égo et les tensions se font de plus en plus sentir dans le foyer familial. Elles, qui, pour pallier à un manque, travaillent d’arrache-pied, sont souvent décrites par la famille de leur mari, comme une femme arrogante et sans cœur. Selon eux, le rôle de la femme n’est pas de se mesurer aux hommes mais de rester à la maison et s’occuper des enfants. Une image pas très réjouissante des femmes. Une mentalité révolue, car les femmes djiboutiennes, peuvent, tout autant que les hommes, répondre aux besoins de leurs familles, et s’occuper de leurs foyers.
Le Khat et ses dérives.
Parmi les nombreuses raisons qui poussent les femmes djiboutiennes à réclamer le divorce, se trouvent en haut de la liste, le khat. Certains hommes préfèrent khatter toute la semaine, dans des mabrazes et ne subviennent pas au besoin de leurs familles. Ces messieurs, qui ont toujours plus de khat que d’argent, préfèrent passer leurs temps dehors et délaissent complètement femme et enfants. C’est souvent devant le Qaadi que se règle ces conflits dus au khat. Dans ces cas de figures, le tribunal ne laisse que très peu d’argent au père de famille et le salaire est reversé à sa famille.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée
Les maris absents représentent aussi une autre source de conflit. Certains hommes préfèrent jouer jusqu’au petit matin aux cartes, à la pétanque et oublient complètent leurs foyers. Ce genre d’hommes, souvent la cinquantaine, passent leurs soirées dans des restaurants chics avec leurs amis tout aussi irresponsables. Confrontées aux absences répétées, leurs épouses n’ont que pour unique solution de demander la séparation. Une vieille citation somalie qui se traduit par « Il est préférable de se marier 30 fois que de vivre dans la souffrance » illustre parfaitement ce genre de comportement.
Le divorce n’est plus une fatalité…
En effet, le divorce n’est désormais plus une fatalité, mais une nouvelle page pour certaines de nos compatriotes.
Elles préfèrent retrouver leurs libertés, loin de certains hommes toxiques. Elles tournent la page des conflits, des violences, des absences et des souffrances. Elles n’ont que faire des ragots et des médisances, elles sont fières de leurs libertés chèrement retrouvées. Elles regagnent une confiance en soi qu’elles avaient perdu sous le poids des années d’un mariage triste. Pour celles qui ont des enfants, elles se consacrent pleinement à leur avenir et choisissent le rôle de mère célibataire. Pour les autres, elles ont désormais plus de temps pour se faire de nouvelles amies et s’occuper d’elles-mêmes.
Divorcer n’est plus désormais, la fin d’une vie, mais au contraire, le début d’une nouvelle vie. Rien ne saurait arrêter une femme qui a choisi de recommencer sa vie en mode solo. La honte a changé de camp, la femme qui a divorcé, a des raisons valables et justifiées. Elles osent, et tout comme les hommes, elles revendiquent leurs droits ! Avant les femmes divorcées se cachaient et rester isolées, mais maintenant, elles s’affichent fièrement et ne craignent plus les commérages des voisines du quartier. Elles peuvent choisir de refaire leurs vies et de ne plus faire les mêmes erreurs. La femme divorcée est fin prête à débuter une nouvelle vie avec un homme qui, bien sûr, sera totalement différent du précèdent. Si certaines s’étaient mariées par amour dans leurs jeunesses, elles décideront, pour leurs prochains mariages, une vie faite de compromis et d’assurance, pour les enfants et surtout pour elles. Elles savent qu’elles ne devront plus refaire les mêmes erreurs.
Les femmes sortent souvent grandies des divorces, elles gagnent plus d’assurance, car elles ont compris qu’elles ont gagné un combat, qui pour certaines semblait perdu d’avance. Divorcer ne fait plus peur, il est souvent dans certains cas, le seul rempart contre une vie faite de tensions. Pour les enfants, une mère souriante et heureuse est bien plus bénéfique, qu’une mère triste et isolée. Ils deviennent ainsi la seule priorité de leurs mères. Plus tard, ces enfants auront la lourde tâche d’accompagner et d’épauler leurs mères pour lui rendre les années de sacrifices qu’elles ont endurés pour eux.
Kadassiya