KANKAN-Sur les rives du fleuve Milo, à Kankan, les filets flottent au gré du courant… mais les poissons, eux, se font désormais désirer. C’est l’une des conséquences d’un désastre économique sous silence.
Karamo Amadou Condé, 34 ans, y jette son filet depuis plus de quinze ans. Depuis l’âge de 18 ans, il vit de la pêche artisanale, un métier autrefois rentable, devenu aujourd’hui synonyme de précarité. Il témoigne son amerturme.
« Avant, le fleuve était propre. On pêchait dans de bonnes conditions, sans marcher longtemps le long des berges. Il n’y avait pas de dépôts d’ordures dans l’eau et on gagnait beaucoup de poissons. Mais aujourd’hui, avant de trouver du poisson, il faut remuer ciel et terre », regrette le pêcheur, désormais porte-parole de ses confrères.

Autrefois source de richesse et de fierté, le Milo se meurt à petit feu. La cause : une pollution galopante liée aux activités anthropiques humaines. Déversements d’ordures ménagères, plastiques, et eaux usées non traitées saturent progressivement le lit du fleuve. Une situation qui met en péril la biodiversité aquatique et la principale source de revenus de centaines de familles riveraines.

« Le fleuve est rempli d’ordures. Quand on jette le filet, même s’il y a du poisson, les déchets le soulèvent et les poissons s’échappent. Si le filet n’atteint pas le fond, on ne peut pas pêcher », se lamente Karamo, dépité.
Face à cette asphyxie écologique, les pêcheurs ne savent plus à quel saint se vouer. Ils lancent un appel pressant aux autorités locales et nationales : sauver le Milo, patrimoine naturel essentiel et principale source d’eau potable de la ville.
« Si les autorités ne font rien, un jour on dira qu’il y avait un fleuve ici. C’est le bon moment d’agir. Si on ne regarde pas l’état actuel du Milo, l’avenir sera compromis », prévient-il.

En attendant que cet appel soit entendu, les pêcheurs continuent malgré tout de jeter leurs filets dans l’espoir de retrouver, un jour, l’abondance d’antan. Car sur ces eaux troubles se joue bien plus que leur survie : c’est l’avenir de toute une communauté qui vacille.
Facély Sanoh
Pour Africaguinee.com
Créé le 6 novembre 2025 10:33