La sortie du ministre porte-parole du gouvernement sur l’impossibilité d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel en 2025 est en contradiction avec le discours du nouvel an du président de la transition annonçant l’organisation des élections cette année. Cette contradiction soulève des questions sur la cohérence du gouvernement.
Dans son discours du nouvel an, le 31 décembre 2024, le président de la transition avait annoncé que “l’année 2025 sera une année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel”.
Le général Doumbouya avait promis de prendre un décret fixant la date du référendum constitutionnel dans le premier trimestre 2025, devant conduire à l’adoption d’une nouvelle constitution. Cette étape clé devrait être suivie par l’organisation des différentes élections présidentielles, législatives et communales.
Cette annonce avait suscité de l’espoir chez bon nombre d’acteurs politiques et sociaux ainsi que chez les partenaires au développement. Mais la déclaration du ministre Ousmane Gaoual Diallo lors d’un déjeuner de presse, ce mercredi 29 janvier 2025, a encore semé le doute.
“Est-ce que l’année 2025 sera une année où toutes les élections vont avoir lieu ? Je pense que c’est non, c’est impossible (…) Il y a un chronogramme que l’administration du territoire va prononcer. Donc, il faut compter peut-être deux grandes élections majeures cette année et puis les autres vont suivre l’année suivante”, a-t-il déclaré.
Pour asseoir ses arguments, il a invoqué notamment le Recensement administratif à vocation d’État civil (RAVEC) en cours, duquel va découler le fichier électoral, la mise en place de l’organe de gestion des élections et l’impossibilité d’organiser des élections entre juillet et août, qui sont des périodes de grandes pluies.
Si ces arguments peuvent justifier un nouveau report des élections, on s’interroge néanmoins : le président de la transition ne disposait-il pas de ces informations avant d’avoir annoncé les élections en 2025 ? Ce qui est moins sûr, car si c’était le cas, cela signifierait que ses services techniques lui auraient caché la réalité. Toutefois, cela pourrait aussi être une manœuvre dilatoire pour tromper l’opinion en attendant.
On a encore en mémoire l’engagement du général Mamadi Doumbouya de ne “pas passer une minute de plus au pouvoir au-delà du 31 décembre 2024”, date initialement prévue pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il est toujours en fonction un mois plus tard. “Les promesses n’engagent que ceux qui les croient”. Le dicton prend tout son sens dans la conduite de la transition par le CNRD.
Cette situation va exacerber les tensions sociopolitiques avec des risques d’instabilité, étant donné que les acteurs politiques membres des Forces vives ont déjà entamé leurs séries de manifestations, dont la première a eu lieu le 6 janvier dernier et s’est soldée par trois morts, selon les organisateurs.