L’investissement devient un mot clé dans la politique économique du Maroc ! En effet, les investissements publics qui ont toujours été importants, se situant autour de 50 milliards de dirhams ont doublé pour atteindre plus de 100 milliards dans le budget public. Et surtout, les dépenses d’investissements continuent à augmenter, se situant à 119,6 MMDH à fin décembre 2024, compte tenu d’une hausse de 9,8% des dépenses des ministères et de la baisse de 11,6% des dépenses des charges communes. L’accent mis sur l’investissement résulte en réalité d’un renforcement tous azimuts des mesures d’accompagnement public menées par la commission des investissements.
La ligne des investissements dans le budget de l’État en se renforçant démontre que l’endettement budgétaire dont l’encours dépasse les 1000 milliards de dirhams à 70% du PIB, se fait aux profits des investissements qui par définition ne sont pas des dépenses de fonctionnement et qui engrangent de la création de valeur, des emplois et de la croissance économique. Ce qui crée un cercle vertueux en faveur des rentrées fiscales avec un impact direct sur l’augmentations de l’IS du fait de l’appréciation des bénéfices résultants des nouvelles activités, qui elles-mêmes s’accompagnent de plus de recettes de TVA.
C’est ce que démontrent les statistiques des finances publiques de décembre 2024, alors même que la Loi de finances de 2025 accentue la programmation des investissements sur toutes les régions du pays. Ainsi, l’accroissement des recettes de la fiscalité domestique liée à l’activité économique, est de 16,3%, dont celles de l’IS de 13,5% et celles de la TVA de 25,6%. Certes ces performances très satisfaisantes peuvent être aussi attribuées à la réforme fiscale qui par la baisse des taux d’impositions de l’IS et l’harmonisation de la TVA à 10% et 20%, a poussé les entreprises à plus de transparence, mais l’impact des investissements publics et privés est indéniable, même s’il n’est pas encore mesuré.
Le comportement des recettes fiscales en général et celles domestiques en particulier, combiné au constat d’une meilleure maîtrise des dépenses de fonctionnement qui n’augmentent plus qu’à un faible taux de 2,7%, et du recul de 37,4% des émissions de dépenses au titre de la compensation, a pour conséquence une limitation des déficits budgétaires primaire et global, malgré la forte augmentation des charges en intérêts de la dette de 15,7%.
Et donc, pour le dernier mois de 2024, les soldes du Trésor font ressortir un solde ordinaire positif de 34,5 MMDH contre 13,7 MMDH en 2023 et un déficit du Trésor de 64,4 MMDH, contre un déficit du Trésor de 74,9 MMDH à fin décembre 2023.
Et déjà, l’utilisation des OPCI, un des nouveaux outils financiers entré en application en 2023, pour externaliser la gestion des actifs immobiliers de l’État, a permis des recettes budgétaires nouvelles de 35,3 MMDH au titre du transfert de la propriété d’actifs immobiliers de l’État à des sociétés de gestion dédiées, contre 25,4 MMDH durant l’année 2023. Car l’enjeu de la politique d’investissements massifs menée par la nouvelle politique économique du pays, repose sur la contribution budgétaire au financement de ces derniers, sachant que de nouveaux financements sont en cours de déploiement pour unifier les produits financiers innovants entre public et le privé. Et, si les intérêts de la dette continuent à augmenter à cet effet, les recettes fiscales en parallèle enregistreront de scores de plus en plus positifs.
La configuration du budget de l’État a donc évolué et elle traduit un tournant, celui de l’augmentation massive des investissements du pays, une politique garante d’une généralisation du développement à toutes les régions, d’un taux de croissance inclusif, mais surtout soutenu, à plus de 3%, et une forte et continue appréciation des recettes budgétaires, caution d’une maitrise des déficits et de l’endettement du Maroc. Il s’agit de booster notre économie à un niveau supérieur, de la rendre plus indépendante, plus compétitive et donc plus attractive pour les investisseurs internationaux dont les contributions se confortent d’année en année et contribuent déjà à ce processus nouveau d’efficience. Et ce en continuant à l’externaliser en Afrique où le Maroc occupe une bonne place…
Afifa Dassouli
FOCUS sur la Commission Nationale des Investissements, un cadre d’investissement dynamique et structurant
Depuis sa mise en place, la nouvelle Charte de l’investissement a permis d’instaurer une gouvernance structurée dans un environnement attractif pour les investisseurs. Elle incarne la volonté du gouvernement d’accélérer la mise en œuvre de projets à forte valeur ajoutée, tout en répartissant les investissements de manière plus équilibrée à travers le Royaume. Et en faisant de la promotion de l’investissement privé et la création d’emplois des priorités et renforcer l’attractivité du Maroc auprès des investisseurs nationaux et étrangers. Des résultats probants sont enregistrés dans des secteurs stratégiques comme le tourisme, la mobilité électrique, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire. Ses objectifs consistent à accélérer la concrétisation des projets validés pour garantir des retombées économiques et de renforcer l’intégration régionale des investissements en facilitant l’accès aux financements et aux infrastructures, notamment pour les PME.
La CNI, a accéléré son dynamisme avec la mise en œuvre de la charte d’investissement en 2023 par la tenue régulière de réunions sous la présidence du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, pour acter l’approbation de nombreux projets stratégiques couvrant des secteurs variés :
1) 24 mai 2023 : Première réunion de la Commission nationale des investissements, pour marquer le début de la nouvelle politique d’investissement avec 21 conventions et avenants approuvés pour un montant total de 76,7 milliards de dirhams (MMDH), avec une perspective de 5.728 emplois directs et 14.707 emplois indirects. Elle a aussi accordé le caractère stratégique à six projets d’investissement supplémentaires, représentant un potentiel de 54,8 MMDH, avec 13.260 emplois directs et 33.150 emplois indirects. Le secteur industriel étant dominant, avec 70 % des investissements, suivi par les projets de dessalement d’eau de mer (14 %) et les énergies renouvelables (4 %).
2) 20 juillet 2023 : Deuxième réunion de la CNI, qui a approuvé 19 projets d’investissement pour un montant de 31,5 MMDH, avec 11.742 emplois directs et 9.280 indirects. Quatre projets sont considérés comme stratégiques, avec un investissement global de 113,8 MMDH, pour 15.720 emplois directs et 99.000 indirects. La mobilité électrique représentant 71 % des investissements engagés, suivi des mines (13 %) et de l’industrie automobile (10 %).
3) 25 janvier 2024 : La troisième Commission, a contribué à cette accélération avec 42 projets approuvés, dont 60 % étaient portés par des entreprises marocaines. L’agroalimentaire s’est distingué comme le secteur prédominant, attirant 35 % des investissements, suivi par le tourisme (25 %), en raison des perspectives prometteuses qu’offre l’organisation de la Coupe du Monde 2030. Les 4ᵉ, 5ᵉ et 6ᵉ sessions de 2024, ont continué à accélérer les investissements.
4) 8 février 2024 : La quatrième réunion, a validé quatre conventions et un avenant, représentant un investissement total de 36,4 MMDH et visant la création de 14.500 emplois. Deux grands projets d’investissement, portés par le groupe OCP, ont été approuvés dans le cadre de son programme d’investissement vert, contribuant principalement aux secteurs de la chimie/parachimie (60 % des investissements) et des mines (38 %)
5) 4 juin 2024 : La cinquième réunion, a donné le feu vert à 27 projets pour un montant de 7,7 MMDH, prévoyant 7.000 emplois. Puis 12,8 MMDH pour un projet stratégique dans le secteur de la mobilité électrique, avec 17.600 emplois supplémentaires.
6) 10 décembre 2024 : La sixième Commission, a battu un record d’investissements, consolidant ainsi l’ambition du gouvernement d’accroître le rôle du secteur privé dans la dynamique économique nationale. avec 56 projets validés pour un total de 134 MMDH, dont 45 MMDH d’investissements privés. Avec 28.000 emplois dans 32 provinces et préfectures dans les 12 régions du Royaume, dans des secteurs de la mobilité électrique, des énergies renouvelables et du dessalement d’eau de mer.
7) 29 janvier 2025 : La 7ᵉ Commission : 20 nouveaux projets d’investissement de 17,3 MMDH pour 27.000 emplois, ont été validés avec 17 projets dans le cadre du dispositif de la Charte de l’investissement, de 4,3 MMDH et 5.500 emplois et 3 projets stratégiques de 13 MMDH, et 21.500 emplois.
Le tourisme s’impose comme le principal pourvoyeur d’emplois, avec 42 % des postes créés, suivi de l’automobile (24 %), de l’agroalimentaire (13 %) et de l’outsourcing (8 %).
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