NEW YORK- L’élection de Zohran Mamdani, 34 ans, au Conseil municipal de New York est bien plus qu’une simple victoire politique : c’est le triomphe de l’ascension par le mérite. Parti de rien, ce natif Ougandais d’origine indienne, démocrate et musulman, a battu l’establishment en menant une campagne axée sur le social, promettant de taxer les plus aisés. Pour les milliers de migrants africains – Guinéens en tête – et issus de la diaspora, son succès résonne comme un signal fort : celui d’une Amérique où les plus hautes carrières sont accessibles à quiconque fait preuve de courage et d’intégrité. Son engagement sans faille auprès des classes populaires et son soutien affiché à la Palestine ont créé une vague d’espoir inédite, prouvant que le rêve américain continue de s’écrire avec un accent étranger. Suite à son election, Africaguinee.com a interrogé certains guinéens.
Baaben Bhouria vit aux États-Unis depuis le milieu des années 90. Cet homme qui suit l’actualité politique américaine de près salue le courage et la détermination d’un jeune de 34 ans qu’il a rencontré pour la première fois à la mosquée guinéenne du Bronx. Cela lui rappelle la victoire de Barack Obama en 2008 :

« Zohran Mamdani est venu avec un véritable espoir, pas pour les migrants seulement, mais pour tous les citoyens de New York. Le maire élu de New York est régulièrement venu à la rencontre des communautés. Vous avez vu des images où il est venu pour la première fois à Fouta Islamic Center, la mosquée principale des Guinéens à New York. De toutes les mosquées de New York d’ailleurs, c’est ici qu’il a effectué sa première visite. L’espoir des migrants pour moi aux USA a commencé d’abord par l’élection de Barack Obama en 2008. Ce jeune élu n’a que 34 ans. Ougandais d’origine indienne, il est venu ici ; il a les possibilités d’être gouverneur, par exemple. Il ne peut briguer que la présidence américaine et la vice-présidence. Une façon de dire à nos compatriotes : les choses les plus importantes sont l’instruction et l’éducation, tout le reste se greffe sur ces deux. Il y a des jeunes Guinéens ici bien formés, pétris d’expériences, plus que ce nouveau maire, mais c’est le courage qui marque leur différence.
Zohran Mamdani constitue une fierté pour la jeunesse africaine, les migrants et surtout pour l’ensemble de la communauté musulmane au monde que nous sommes. Cet homme a affirmé haut et fort qu’il soutient la Palestine, ce que beaucoup avaient considéré comme un point de chute pour lui, mais les choses ne sont pas allées dans ce sens. Sa vraie force : il a maintenu sa position, ce qui a aidé, parce qu’aux États-Unis, une fois que tu dis une chose, il faut la maintenir. Dès que tu changes, c’est fini pour toi, tu perds la crédibilité aux yeux de tous.
Les États-Unis inspirent dans tous les sens. Vivre ici sans être mêlé aux problèmes de détournements, de femmes ou des crimes graves, le pays est ouvert pour vous. Vous pouvez forger votre ascension. C’est un message fort pour tous. Toutes les communautés se sont levées pour faire élire ce jeune : Africains, Asiatiques, Américains, parce qu’ils ont compris l’état actuel du pays. Il constitue vraiment un espoir pour les migrants que nous sommes », témoigne Baaben Bhouria Diallo.
Pour Abdourahmane Diallo, ressortissant guinéen et expert en géopolitique, cette élection est une véritable ouverture pour les communautés africaines et guinéennes en particulier en termes de postes électifs. C’est une lueur pour lui-même qui a tenté la même chose au Conseil municipal il y a 4 ans :

« Pour les immigrants africains en particulier, cette victoire est profondément personnelle. Beaucoup d’entre nous sont venus dans ce pays avec détermination, faisant face à d’innombrables obstacles, travaillant à plusieurs emplois, et construisant nos vies à partir de rien. Voir quelqu’un né en Ouganda s’élever pour diriger une ville de plus de 8 millions d’habitants valide les sacrifices que nos familles ont faits et les contributions que nous continuons d’apporter à cette société.
La campagne du maire élu Mamdani s’est concentrée sur les questions de la classe ouvrière, l’accessibilité financière, et la connexion avec diverses communautés à travers plusieurs langues ; cela résonne profondément avec l’expérience immigrée. Nous comprenons la lutte pour joindre les deux bouts, le coût élevé de la vie, et l’importance d’avoir des dirigeants qui comprennent vraiment ces défis parce qu’ils font partie de nos communautés.
Cette élection prouve que l’Amérique, malgré ses défis, reste un endroit où le mérite, le travail acharné et la connexion authentique avec les gens peuvent surmonter même les dynasties politiques les plus établies. Cela donne de l’espoir aux jeunes Africains, tant ici qu’en Guinée et à travers le continent, que les postes de direction ne sont pas réservés à quelques privilégiés, mais sont accessibles à ceux qui servent avec intégrité et vision. Nous observons avec grande fierté et anticipation comment le maire élu Mamdani gouvernera, et nous espérons que son succès ouvrira les portes à davantage de dirigeants diversifiés à travers l’Amérique. J’ai moi-même, en tant qu’immigrant africain, tenté ma chance en me présentant au Conseil municipal de New York il y a quatre ans, sans succès. Cette victoire de Mamdani ouvre désormais de nombreuses portes pour de futures tentatives et a enseigné à notre communauté un niveau de maturité politique beaucoup plus élevé ».
Elhadj Mohamed Saliou SOW, Guinéen et consultant en immigration aux États-Unis depuis 25 ans, décrit Zohran Mamdani comme un homme d’espoir et ouvert à toutes les catégories sociales, d’où son élection en dépit des actions qui ont visé à le bloquer, mais où l’électorat s’est exprimé en sa faveur :

« C’est en 2018 que Zohran Mamdani est devenu citoyen américain ; cela traduit qu’en Occident, tout est possible. Mamdani incarne le courage, d’où son élection au poste de maire. Son « Middle Name » (deuxième prénom) c’est Kwame. Son père lui a donné le nom de Kwame Nkrumah du Ghana, c’est pourquoi son nom complet c’est Zohran Kwame Mamdani. Il a commencé par un poste électif au plus bas niveau, à l’image du conseil de quartier. Vous savez, ici tout est élection, il y a moins de nominations. Il est monté jusqu’à sa volonté de devenir maire de New York. Personne ne croyait à sa démarche pour ses ambitions. Il n’avait que 1% des intentions de vote. C’est un homme qui aime vraiment le bas peuple, la classe défavorisée. Il a même participé à une grève de la faim afin que les chauffeurs de taxi bénéficient d’une augmentation de salaire.
Pendant 15 jours, il a campé devant la mairie de New York avec les grévistes. C’est un rassembleur ; il a réussi à fédérer toutes les communautés ; il aime également la communauté guinéenne. À la mosquée guinéenne du Bronx, il est venu, d’ailleurs il est allé à beaucoup de mosquées, c’est le premier candidat maire à le faire. Même à l’assemblée générale de Poredaka, il est allé en 2025. Il est proche de certains Guinéens. Quand l’islamophobie a commencé, c’est dans une mosquée gambienne qu’il est parti faire son discours dénonçant ces attitudes contre l’Islam. Les électeurs ont compris que c’est un homme transversal qu’il fallait élire à cause de sa tolérance. C’est un véritable soulagement, l’élection de ce jeune. En tout cas, sa venue a suscité un espoir pour les migrants. »
« Des milliardaires proches de Trump ont mis des fonds importants pour barrer la route à Zohran, en vain. Ils ont suffisamment financé contre lui. L’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, dont la fortune est estimée à plus de 100 milliards de dollars US, ce dernier a dépensé 8,3 millions de dollars US contre Zohran ; un certain Bill Atman a financé 2 millions de dollars US ; un supporter d’Israël, une famille spécialisée dans la fabrication des produits de beauté ont donné plus de 3 millions de dollars US ; il faut estimer à plus de 20 millions de dollars dépensés contre le jeune maire. Au même moment, Zohran a fait du porte-à-porte lors de la campagne. Ici, aucun candidat ne finance sa campagne ; ce sont les militants qui le font. Dans le porte-à-porte, tu peux contribuer 20 dollars ou 100, ça dépend de ce que tu as. En dépit de toute la campagne de déstabilisation contre lui, il est élu » explique Elhadj Sow.
Relations tendues avec Trump

« Trump n’aime pas le jeune, il y a des relations tendues entre les deux. Les escalades verbales sont énormes. En conséquence, Trump peut se venger contre New York parce que le gouvernement fédéral a beaucoup de pouvoirs. Trump peut répéter ce qui se passe à Chicago. Ici, chaque État a son armée qu’on appelle « Garde nationale ». Mais le président peut les réquisitionner à tout moment. Trump a pris la Garde nationale de l’État de l’Illinois pour les envoyer à Chicago pour aider la police de l’immigration ainsi que dans le domaine de la sécurité. Il peut laisser la Garde nationale pour arrêter des gens en situation régulière pour coincer l’équipe du maire. Les gens de New York ont vraiment peur que Trump bloque les aides du gouvernement fédéral contre New York City pour se venger contre le maire élu. Il y avait un projet de tunnel entre New York et le New Jersey ; le gouvernement fédéral a financé 18 milliards de dollars mais Trump a bloqué. Trump est capable de tout ; mais on suit ça de près » précise-t-il.
Témoignage d’Imrana Diallo
Imrana Diallo vit aussi à New York depuis bientôt 3 ans. Un jeune intéressé par la vie politique. L’arrivée de Zohran à la mairie de New York l’enchante comme beaucoup de demandeurs d’asile :

« L’élection du jeune de 34 ans n’est pas une satisfaction pour moi seul, mais pour tous les immigrés ; les Africains, les Asiatiques, les Sud-Américains manifestent leur joie à New York. New York constitue la plus grande ville économique des USA ; c’est une ville de rencontre, chacun trouve son compte ici. On ressent un certain soulagement. Il est immigré, démocrate mais aussi musulman. Une forte communauté musulmane vit à New York, notamment des Bangladais, des Pakistanais, mais les Africains aussi. Quand on parle de l’immigration, toutes ces communautés sont concernées. Je vois des personnes venues du monde arabe se réjouir de cette élection plus que les Africains. Avec ce maire de 34 ans qui connaît la réalité, nous espérons que beaucoup de choses vont changer. Ici, chaque État a ses lois. Beaucoup de citoyens installés ailleurs manifestent le désir de venir s’installer à New York pour profiter de certains avantages. Voici des espoirs que cette élection suscite. »
Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 6 novembre 2025 19:42