CONAKRY- La candidature du Général Mamadi Doumbouya à l’élection présidentielle, déposée lundi, 3novembre 2025 à la Cour suprême suscite de nombreuses réactions à Conakry. Entre respect de sa parole donnée, appréciation du bilan du chef de la transition et interrogations sur ses promesses, les citoyens que nous avons interrogés ce mardi 4 novembre 2025, s’expriment à travers des opinions partagées.
« Si la Constitution l’autorise, qu’il se présente »
Pour Zézé Akoï Goïpogui, chargé de cours de mathématiques, la question doit avant tout être examinée sous l’angle juridique. « En tant que citoyen, nous avons voté une Constitution. Si celle-ci lui permet de se présenter, qu’il le fasse. Dans le cas contraire, qu’il s’abstienne », tranche-t-il. Selon lui, la légitimité de cette candidature dépend du respect des textes en vigueur.
« À son arrivée au pouvoir, le Général avait dit qu’il ne se présenterait pas, ni lui ni les membres de son gouvernement. Mais nous sommes des êtres humains, on peut changer d’avis, tant que cela reste dans le cadre légal », ajoute-t-il.

M. Goïpogui estime enfin que la classe politique guinéenne manque souvent de constance. « Les politiciens changent d’avis à tout moment. Et même au sein des partis, rares sont ceux qui changent de dirigeants. C’est là souvent que naît la dictature », constate ce citoyen, appelant à laisser la place à une nouvelle génération formée et compétente.
« Il a changé mon pays, qu’il continue ! »
À l’opposé, Kouyaté Diakaria, citoyen rencontré à tannerie, exprime un soutien sans réserve au président sortant. « Le président doit se présenter. Il a fait du bon travail et il a changé mon pays. Je veux qu’il continue », affirme-t-il, enthousiaste.
Présent dans la foule rassemblée lundi, il raconte l’ambiance : « J’étais impressionné et très content de voir tout ce peuple motivé. C’était un grand moment. »

« Sa candidature ne me surprend pas »
Pour Djibril Bah, habitant du quartier Cosa, la candidature du Général Doumbouya était prévisible depuis la promulgation de la nouvelle Constitution. « Cette Constitution lui permet de se présenter, donc sa décision ne m’a pas surpris. C’est vrai qu’il avait dit le contraire au début, mais ainsi va la vie politique », explique-t-il.
Bah appelle cependant à plus de transparence et de sincérité. « Il aurait dû, dès le départ, dire qu’il se réserve la possibilité de se présenter. Cela aurait évité des malentendus.»

S’il dit ne pas s’opposer à cette candidature, il espère surtout que le débat politique ne détournera pas l’attention des vrais problèmes du pays. « Ce que je souhaite, c’est que les Guinéens retrouvent une vie normale, surtout la jeunesse qui souffre du chômage. Soutenir un candidat n’est pas un crime, mais il faut le faire honnêtement, sans intérêts cachés », lance-t-il.
Ibrahima Diallo, conducteur de mototaxi, souhaitait voir le chef de l’État honorer ses engagements. « Quand il a pris le pouvoir, il a dit clairement qu’il n’était pas là pour rester, qu’il voulait refonder le pays et organiser des élections libres. S’il se présente aujourd’hui, ce serait trahir cette parole. Mais tout de même, nous souhaitons la paix et l’unité nationale entre les citoyens guinéens, » a-t-il déclaré.

La décision du Général Mamadi Doumbouya de briguer la magistrature suprême, quatre ans après son arrivée au pouvoir, marque un tournant dans la vie politique guinéenne. Entre légalité constitutionnelle et question de confiance, les citoyens oscillent entre espoir, prudence et scepticisme.
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 5 novembre 2025 10:26