Un rapport parlementaire recommande d’interdire la vente d’alcool au bar-restaurant de l’Assemblée nationale. Non pas pour prévenir d’éventuels excès de députés trop alcoolisés, mais par “mesure d’exemplarité”.
Alors que l’examen du budget de la Sécurité sociale a débuté mardi 4 novembre dans l’hémicycle, un autre débat agite les couloirs du Palais Bourbon : faut-il interdire l’alcool à la buvette ? La question a ressurgi avec la publication, vendredi 31 octobre, du rapport du député du Loiret Emmanuel Duplessy (groupe Écologiste et social), chargé d’examiner l’enveloppe budgétaire qui finance le fonctionnement des grandes institutions de la République, dont l’Assemblée nationale.
Le document pointe notamment que les élus peuvent régler leurs consommations via leurs frais de mandat, alors même que la consommation d’alcool sur les lieux de travail en France est interdite, excepté lors des repas où certaines boissons sont tolérées.
– Vingt euros par mois et par député –
Entouré de caméras, Emmanuel Duplessy, membre du parti Génération. s, s’étonne du vif intérêt médiatique suscité par son rapport : “C’est peut-être une illustration de la survivance de certains passe-droits […] qui peuvent subsister dans le monde politique”, suggère-t-il.
Le député reconnaît toutefois que l’alcool à la buvette ne représente pas un “gouffre” financier. Le chiffre d’affaires lié aux ventes d’alcool s’élevait à environ 100.000 euros en 2024, dont il estime que 90 % ont pu être pris en charge via les frais de mandat des députés.
Les ministres et collaborateurs peuvent consommer sur place. Cela reviendrait, selon ses calculs, à vingt euros par mois par député. Un verre de vin à la buvette coûte entre cinq et huit euros.
Emmanuel Duplessy propose donc d’y interdire l’alcool mais aussi de rendre inéligibles aux frais de mandat les boissons alcoolisées consommées à l’extérieur, dans le cadre de repas au restaurant. “De la même manière que les cigarettes ne sont pas prises en charge pour un député fumeur”, dit-il.
– Une forte consommation de “Coca Light” –
Et les risques d’excès ? “Je n’ai jamais assisté à une scène où la cause d’un débordement à l’Assemblée, serait liée à un problème d’alcool. De manière générale, les députés se tiennent très bien”, répond-il.
Le débat est récurrent au Palais Bourbon et il ulcère certains élus. À l’image du député RN Frédéric Falcon, qui écrit sur X : “Nous continuerons à défendre notre viticulture […] assez de ces mesures d’inspiration islamiste.”
“L’Assemblée est un des rares lieux de travail où l’alcool est autorisé”, reconnaît pour sa part le socialiste Philippe Brun. “Ce que je constate, c’est que mes collègues en consomment très peu. La buvette sert essentiellement des Coca Light.”
AFP
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