Le révolutionnaire marxiste libanais est enfermé depuis plus de 40 ans dans les geôles de l’État français. C’est le plus ancien prisonnier politique d’Europe, condamné à un purgatoire infini par les autorités françaises. Ce vendredi, le tribunal d’application des peines a ordonné sa libération.
Georges Abdallah est un militant communiste libanais pro-palestinien. Dans les années 1980, il participe à la création des FARL – Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise – qui va pratiquer des actions de guérilla au Moyen-Orient et en Europe, notamment en France. La FARL est une organisation marxiste et anti-impérialiste engagée dans la libération des territoires occupés par l’entité coloniale israélienne.
En 1982, le groupe révolutionnaire armé libanais revendique les assassinats du lieutenant-colonel Charles R. Ray en janvier, un attaché militaire américain, et de Yacov Bar Simantov en avril, conseiller à l’ambassade d’Israël à Paris. Ces opérations armées contre les deux diplomates font entrer la FARL dans le paysage médiatique français. Elles s’inscrivent dans le cadre de la résistance à l’invasion du Sud Liban par l’armée israélienne.
Georges Abdallah est arrêté à Lyon le 24 octobre 1984 pour possession de faux passeports et possession illégale d’armes. Il est considéré par les services de renseignements comme le chef de la branche armée française des FARL. En 1987, le militant révolutionnaire est jugé devant une cour spéciale. Il est condamné à perpétuité pour complicité d’assassinat contre les deux diplomates sionistes sur la base d’un dossier quasiment vide, et trahi par son avocat Jean-Paul Mazurier qui s’avérera être un agent de la DGSE. Même si le militant nie avoir participé à ces actions de guérilla, il assume devant le tribunal : «Si le peuple ne m’a pas confié l’honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m’attribuez, au moins j’ai l’honneur d’en être accusé par votre cour et de défendre leur légitimité face à la criminelle légitimité des bourreaux».
Le militant Libanais est depuis enfermé dans une prison à Lannemezan, et libérable depuis 1999. Une liberté qui lui est refusée parce que Georges Abdallah a toujours été ferme sur ses positions anti-impérialistes et a refusé toute sa vie de les renier, malgré l’enfermement. Plus de 40 ans de prison pour avoir défendu la libération et l’autodétermination du peuple palestinien. L’État français veut faire payer à Georges Ibrahim Abdallah son indéfectible engagement révolutionnaire en le tuant à petit feu, et en refusant toutes ses demandes de libération depuis des décennies.
C’est en cela que la décision de ce vendredi 15 novembre 2024 est historique dans un contexte de guerre génocidaire en Palestine et au Sud Liban. «Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître». Après cette annonce, le parquet national antiterroriste, dans un communiqué, a fait immédiatement appel de la décision de justice. Pour les collectifs qui soutiennent Georges Abdallah, il s’agit d’un premier camouflet pour les autorités françaises. Ils appellent à maintenir la mobilisation pour la libération définitive du militant Libanais, qui ne sera pas simple.
En effet, les dix précédentes demandes de remises en liberté du militant communiste avaient toutes été retoquées, sauf une. En 2013, une décision de justice autorisait sa libération sous réserve que Georges Abdallah fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion. Arrêté d’expulsion qu’avait refusé de signer à l’époque Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement socialiste, sous pression directes des États-Unis et de sa secrétaire d’État Hillary Clinton.
Cette soumission systématique de l’État français aux intérêts de l’impérialisme américain et à l’entité coloniale israélienne avait permis de maintenir en détention Georges Ibrahim Abdallah, en-dehors de tout cadre légal. C’était il y a déjà plus de 10 ans.