Malgré la malgouvernance et les violations des droits de l’homme, Faure Gnassingbé reste le dictateur le plus à l’aise qui insulte et humilie son peuple.
Les élections présidentielles sont supprimées pour permettre à Faure Gnassingbé de rester indéfiniment au pouvoir sans grands accrocs. Du régime semi-présidentiel, le pouvoir de fait du Togo fait donc passer notre pays à un régime parlementaire, selon lequel le chef du gouvernement vient du parti majoritaire au parlement, comme cela se passe par exemple en Italie, où le président du conseil est celui qui dispose de l’essentiel du pouvoir, ou comme en Allemagne, avec le chancelier fédéral comme chef de l’exécutif, les présidents de la république dans une telle constellation n’étant là que pour représenter l’état et inaugurer les chrysanthèmes. Lors des dernières élections législatives et régionales du 29 avril 2024 qui n´ont pas dérobé à la règle selon laquelle un régime de dictature n´organise jamais des élections pour les perdre, le «parti des malheurs» UNIR s´est taillé la part du lion avec 108 députés sur 113. La portion congrue de seulememt 5 élus est laissée à l´opposition participatrice.
Poursuivant leur petit bonhomme de chemin dans le cadre de leur 5e république, Faure Gnassingbé et ses amis qui ont pris en otages les Togolais, ont nommé des soi-disant gouverneurs de régions, en prenant soigneusement soin «d’oublier» la région centrale qui, selon la philosophie de la famille régnante des Gnassingbé, depuis plus d´un demi-siècle, a toujours eu droit à un traitement défavorable, pour des raisons connues uniquement au sein du sérail. En dehors de ces méthodes anti-démocratiques qui consistent à manipuler l´opinion nationale et internationale par des comportements anti-constitutionnels en changeant de façon unilatérale les textes de la république, et en fraudant les élections afin de s´éterniser au pouvoir, le régime togolais, autour de Faure Gnassingbé, empêche par tous les moyens les opposants au système, qui pensent autrement, de s’exprimer pour mener librement leurs activités politiques. Le double langage et le mensonge semblent être devenus la norme quand il s´agit pour le régime de dictature de Lomé de faire semblant de permettre une ouverture démocratique, tout en manigançant parallèlement, à travers ses différents services ministériels, pour que les responsables des partis politiques et de la société civile ne puissent pas mener correctement leurs activités pour sensibiliser ou mobiliser les populations.
Et ce ne sont malheureusement pas les exemples qui manquent pour étayer ce que nous avançons. Le 17 décembre dernier le front «Touche Pas À Ma Constitution» a publié un communiqué pour dénoncer «une entrave caractérisée à l’exercice des libertés publiques, illustrant un nouveau cas de restriction déguisée du débat démocratique.» En effet, une conférence-débat qui devrait se tenir le 18 décembre n´avait pas pu avoir lieu, car Brother Home, lieu où devait se tenir la rencontre et qui appartient à l´église, a exigé des organisateurs une autorisation ministérielle écrite, alors que selon la loi fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestation, ceux-ci ont déposé une lettre d’information auprès du ministère de l´administration territoriale, lettre qui n´avait fait l´objet d´aucune objection de la part du ministère. Le front «Touche Pas À Ma Constitution», dans son communiqué, renseigne que cette curieuse instruction venait du ministère. Une «manoeuvre qui s´apparente à une censure déguisée, en contradiction totale avec les principes constitutionnels de liberté de réunion et d’expression.» Selon toujours le communiqué du front de l´opposition, une telle «interdiction déguisée s’était déjà produite avec la paroisse Saint Augustin d’Amoutiévé, lorsque la DMP avait voulu organiser une rencontre avec le député sénégalais du Parlement de la CEDEAO.» Le front «Touche Pas À Ma Constitution», termine son communiqué en mettant l´église catholique devant ses responsabilités et en l´appelant à la vigilance, afin « qu´elle ne devienne malgré elle, entre les mains du pouvoir, un instrument de restriction de l’espace civique.»
«…Ce n’est pas la première fois qu’Alassane Ouattara sollicite la médiation de Lomé. Au mois d’août 2022, le chef de l’État ivoirien avait déjà demandé l’aide de Faure Gnassingbé dans le dossier des 49 casques bleus ivoiriens arrêtés le 10 juillet 2022 au Mali. La diplomatie togolaise était parvenue à leur libération le 6 janvier 2023, au terme de six mois de détention.»
Une telle information du site d´informations «Africa Intelligence» relayée par le trihebdomadaire togolais «Liberté» dans sa parution du vendredi 20 décembre 2024, parlant d´une supposée médiation togolaise, met les Togolais en colère et les révolte. Non pas parce que nous sommes contre toute forme de médiation quelle qu´elle soit, mais tout simplement, parce que les soi-disant efforts de Faure Gnassingbé pour tenter de ramener la paix ou de faire libérer des prisonniers ailleurs ne sont pas authentiques et constituent un écran de fumée qui permet de manipuler l’opinion nationale, sous-régionale et internationale en faisant détourner l’attention des uns et des autres de la dramatique salade politique togolaise, faite de massives violations des droits humains, de corruption, d’impunité, dont Faure Gnassinbgé lui-même et son régime sont responsables.
Au Togo, en pays Tem, les sages ont l´habitude de dire: « Si un ami te promet de te donner un chapeau en cadeau, lève la tête pour voir celui que lui-même porte, alors tu sauras s´il en est capable ou pas ». Le président de fait du Togo, Faure Gnassingbé, est un dictateur qui fait voir de toutes les couleurs à son peuple. Plusieurs Togolais, civils comme militaires sont en exil pour des raisons politiques, plusieurs dizaines de prisonniers politiques, dont le propre frère du président, Kpatcha Gnassingbé, croupissent depuis plusieurs années. Malgré les nombreux appels des organisations de la société civile, malgré plusieurs décisions de la cour de justice de la CEDEAO en faveur de leur libération, Faure Gnassingbé a refusé jusqu´à ce jour de les libérer. Et c´est ce même Faure Gnassingbé, qui règne par la force, par la terreur, par la peur et par la violence dans son pays le Togo, qui joue à l´apôtre de la paix ailleurs. Et il se trouve des chefs d’états et responsables politiques dans la sous-région pour le prendre au sérieux et lui dérouler le tapis rouge. Malheureusement c’est aussi ça les contradictions et surtout les hypocrisies africaines qui sont les principales causes des nombreux problèmes du continent noir.
Maintenant que faire pour que cessent toutes ces insultes et humiliations faites au peuple togolais par celui qui est censé faire leur bonheur? Que faire pour que cesse la gouvernance inhumaine de Faure Gnassingbé et de son entourage? Pour trouver une solution à ces questions il n´y a pas de baguette magique; il n´y a que l´unité de l´opposition qui pourrait sensibilier et mobiliser les populations qui n´attendent que ça. Et c´est pourquoi beaucoup de voix, au pays, comme dans la diaspora, s´élèvent déjà pour regretter cette léthargie de la multitude de partis politiques qui se disent de l´opposition, alors que sur le terrain aucun travail contre le régime de dictature ne se fait. Beaucoup de compatriotes se rappellent du slogan de Tchèkpo du Professeur Gnininvi au tout début de la lutte, à savoir: «Démocratie d´abord, multipartisme après». Une union sérieuse des principaux partis de la vraie opposition ne serait-elle pas une réponse adéquate aux manigances et autres tentatives d´étouffement des activités politiques de l´opposition par le pouvoir de dictature?
Samari Tchadjobo
Allemagne