Depuis plus d’une décennie, les terroristes qui ècument le nord Nigeria commettent des exactions contre les populations civiles en majorité musulmanes au vu et au su de la communauté internationale, qui n’a jamais levé ne serait ce qu’un petit doigt pour stopper cette tuerie en masse.
Il a fallu aujourd’hui qu’un activiste chrétien allègue une extermination des chrétiens nigérians pour que le puissant Donald Trump sort de mutisme et menace le Nigeria de représailles.
Dans une sortie dont il est coutumier, le président américain Donald Trump a laissé planer la menace d’une “action militaire” américaine au Nigeria.Ce samedi 1er novembre, le président américain a en effet déclaré avoir ordonné au Pentagone de se préparer à une possible opération dans ce pays d’Afrique subsaharienne peuplé par 230 millions d’habitants, et quatrième économie du continent africain, selon le FMI.
Le général Olufemi Oluyede, chef d’état-major des armées nigérianes, a fermement démenti les allégations selon lesquelles les chrétiens seraient persécutés dans le pays, affirmant que le terrorisme demeure le principal défi sécuritaire du Nigeria, rapporte l’agence africaine de presse.
Lors d’une conférence de presse lundi à Abuja, le général Oluyede a réfuté les déclarations du président américain Donald Trump, qui affirmait que des terroristes islamistes cibleraient et tueraient des chrétiens au Nigeria.
« Il n’y a pas de persécution de chrétiens au Nigéria. Nous faisons face à une insécurité généralisée, notamment le terrorisme, un fléau qui sévit dans notre pays depuis plusieurs années », a-t-il déclaré.
Le chef de la Défense a précisé que les forces armées poursuivaient sans relâche leurs efforts pour combattre le terrorisme et renforcer la sécurité nationale. Il a également salué les réformes mises en place par le président Bola Ahmed Tinubu, estimant qu’elles permettent d’améliorer l’efficacité des opérations militaires à travers le pays.
« Vous vous souviendrez que la semaine dernière, le président, en sa qualité de commandant en chef, a réorganisé l’architecture sécuritaire du pays, en y intégrant des officiers expérimentés et intègres, spécialistes de la guerre asymétrique, afin de donner un nouvel élan à nos opérations », a expliqué le général Oluyede.
Il a assuré que l’armée allait intensifier ses campagnes contre les groupes armés et autres acteurs criminels, en s’engageant à neutraliser les activités terroristes sur le territoire national.
« Nous allons redoubler d’efforts pour mettre fin au terrorisme et restaurer la sécurité dans tout le pays », a-t-il affirmé.
Le général a rappelé que le terrorisme est un phénomène mondial et a souligné l’importance d’une coopération internationale renforcée.
« Plusieurs pays font face aux mêmes défis. Cela exige une action collective. Si des nations sont prêtes à soutenir le Nigeria, nous sommes disposés à collaborer avec elles pour éradiquer le terrorisme », a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent après une réunion du Conseil national de sécurité, organisée à la suite des propos controversés de Donald Trump sur sa plateforme Truth Social samedi dernier. Le président américain avait affirmé que des chrétiens étaient pris pour cibles au Nigeria et menacé de suspendre toute aide américaine si les violences persistaient.
« Si le gouvernement nigérian continue d’autoriser le massacre de chrétiens, les États-Unis cesseront immédiatement toute aide et pourraient intervenir militairement », avait-il averti.
Cette sortie a suscité de vives réactions au Nigeria et à l’étranger, incitant le président Bola Tinubu à publier un communiqué réaffirmant l’engagement du pays en faveur de la démocratie et de la liberté religieuse.
Dans un message publié sur son compte X (anciennement Twitter), M. Tinubu a rappelé que la Constitution nigériane garantit la liberté de religion et que son administration entretient un dialogue constant avec les dirigeants chrétiens et musulmans pour promouvoir la paix et la sécurité.
« Le Nigéria demeure une démocratie fondée sur les garanties constitutionnelles de la liberté religieuse », a-t-il souligné.
« Depuis 2023, notre gouvernement maintient un dialogue ouvert avec les responsables des deux confessions et continue de s’attaquer aux défis sécuritaires qui touchent nos citoyens, toutes religions et régions confondues », a ajouté le président.
Il a rejeté les représentations étrangères décrivant le Nigéria comme un pays intolérant sur le plan religieux, les qualifiant d’inexactes et contraires à la réalité nationale.
« Cette caractérisation ne reflète pas la diversité ni l’unité du Nigeria, ni les efforts constants et sincères du gouvernement pour garantir la liberté de religion et de conviction pour tous », a insisté M. Tinubu.
Le chef de l’État a réaffirmé que la tolérance religieuse constitue un pilier fondamental de l’identité nationale et a assuré que le Nigéria continuerait de collaborer avec les États-Unis et d’autres partenaires internationaux afin de renforcer la compréhension mutuelle et protéger toutes les communautés religieused.
La Cédéao défend le Nigéria des accusations américaines
La Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) soutient le Nigéria après les accusations des États-Unis de persécution religieuse. L’organisation rejette ces allégations et rappelle que les violences terroristes touchent toutes les communautés sans distinction.
La Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a réaffirmé mardi son soutien au Nigéria, membre de l’organisation, face aux accusations de persécution religieuse formulées par les États-Unis, tout en alertant la communauté internationale sur la montée de la violence terroriste en Afrique de l’Ouest.
Les autorités américaines, notamment le président Donald Trump et le sénateur Ted Cruz, ont accusé le Nigéria de permettre le « meurtre de masse de chrétiens » et d’être responsable d’un « génocide chrétien ». Ces accusations ont conduit Washington à envisager de reclasser le Nigéria comme « Country of Particular Concern » (CPC) pour violations graves de la liberté religieuse et à menacer le pays d’une possible action militaire.
Face à ces accusations, la Cédéao souligne que les attaques terroristes touchent des civils de toutes les confessions religieuses, y compris les musulmans, les chrétiens et les adeptes d’autres religions.
Au Nigéria ainsi que dans plusieurs pays où il est présent, notamment en République démocratique du Congo et au Mozambique, le groupe jihadiste État islamique, à travers ses branches locales, cible la communauté chrétienne.
Comme le confirment des rapports indépendants établis au fil des ans, la violence liée au terrorisme n’est pas discriminatoire en raison du sexe, de la religion ou de l’origine ethnique.
L’organisation appelle les Nations Unies et tous ses partenaires à soutenir les États membres dans leur lutte contre ces groupes terroristes et à considérer comme fausses toutes les affirmations selon lesquelles un groupe religieux serait spécifiquement visé ou qu’un génocide serait en cours dans la région. La Cédéao qualifie ces accusations de « fausses et dangereuses », estimant qu’elles risquent d’accroître l’insécurité et de fragiliser la cohésion sociale en Afrique de l’Ouest.
La réaction du gouvernement nigérian s’inscrit dans la même ligne. Abuja rappelle que le Nigéria est une démocratie régie par des garanties constitutionnelles protégeant la liberté religieuse et que toutes les communautés religieuses bénéficient d’un traitement équitable. Les autorités nigérianes insistent sur le fait que les violences sont le fait de groupes terroristes et non d’une campagne ciblée contre un groupe religieux. Le gouvernement réaffirme son engagement à collaborer avec les partenaires internationaux pour protéger toutes les populations et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Enfin, la Cédéao lance un appel au monde entier pour soutenir les pays de la région dans leur combat contre le terrorisme, qui menace toutes les communautés sans distinction.