Les frasques d’Ominga à Monte-Carlo
Ayant mes habitudes à l’hôtel L’Hermitage de Monaco, (il m’arrive aussi d’aller jouer au Casi no) je m’y suis rendu ce lundi 2 décembre 2024. Un rendez d’affaire m’y avait conduit. Je bosse à la Fondation Commandant Cousteau où je m’occupe d’observer les fonds marins au large de la Principauté.
11 heures. Pendant que j’attends mon rendez-vous car je suis un peu en avance, dans le hall du palace je tombe nez à nez nez avec une faune africaine : ce qui, soit dit en passant, n’est pas exceptionnel même en basse saison à Monaco.
Quinze bonhommes, tous des Africains, inondent le bar de l’hôtel. Mon regard est attiré par les drapeaux affichés à la réception. Ceux-ci indiquent en général la nationalité des clients descendus à l’hôte !. Je note qu’il y a un drapeau de la RDC. J’en déduis que ce sont des Congolais de Tshisékédi Wa Mulomba venus je ne sais pour quel symposium.
Souvent, par méconnaissance, les hôtels confondent les drapeaux des 2 Congos. Ils affichent l’emblème de la RDC alors qu’il s’agit parfois de clients du Congo-Brazzaville.
Mes oreilles sont attirées par l’accent « lingala de Brazzaville » des locuteurs. « Ce sont des Congolais du pays de Sassou », me dis-je. Car moi-même, de nationalité gabonaise, je réside entre la Principauté et la ville côtière de Pointe-Noire au Congo. J’entends le vili et le lingala bien que je suis Batéké de Franceville et Miéné de Port-Gentil.
Mafieux
Nombre de congolais ne loupent aucune occasion de venir se la couler douce dans les palaces de Monaco, paradis fiscal prisé des délinquants épinglés dans le scandale des Panamas Papers. Le clan Sassou se classe en bonne place parmi les grands prêtres de l’évasion fiscale et des comptes offshore recensés dans la mafioso-sphère.
Accent
Qu’entends-je pendant que je sirote mon cocktail dans le hall de l’hôtel ? un accent mbochi. Et, qui vois-je au fond du luxueux salon ?
Un Congolais de Brazzaville, le PDG du pétrole, le camarade Ominga Maixent Raoult en personne est en conversation avec une asiatique, peut-être une japonaise ou une chinoise. Je reconnais le quidam pour avoir lu les frasques de ce natif d’Oyo dans le registre de l’ethnocentrisme au Congo de Sassou. Quand Kiki le pétrolier plongea la SNPC dans la gabegie, c’est le mbochi Ominga qui reprit la barre du…destroyer.
Ce lundi 2 décembre 2024, le Directeur de la SNPC, ce filou du trading, à la tète d’une petite délégation de 14 membres ne s’est privé de rien. Ominga Maixent Raoult et ses acolytes sont venus nager dans les eaux profondes de la dolce vita à l’hôtel L’Hermitage de Monaco. (450 euros la chambre selon la pub).
Long séjour
« Ils vont séjourner 3 jours, du lundi 2 décembre au mercredi 4 décembre » me renseigne-t-on, le temps d’une java, aux frais bien sûr du Trésor Congolais. Toujours l’alibi des colloques et autres symposiums pour cacher l’insatiable frénésie des délégations congolaises à travers le monde. A raison de 2000 euros, la chambre selon une confidence, ces pêcheurs en eau trouble du lé dza, lé noua, lé yiba, n’ont pas lésiné sur les moyens,
Chambre 18
Ominga a occupé une chambre avec un petit salon : coût de la nuitée 3.000 euros. Les grévistes congolais, privés de salaires depuis des lustres vont apprécier.
Comme on est en basse saison, la petite suite occupée chacun par les compères d’Ominga le pétrolier a couté la bagatelle de 2,000 euros. Des clopinettes pour ces requins.
Parmi les heureux clients de l’Hermitage en cette période précédant Noel figurent : Ngassaki, Ibata, Itoua, Oniangué, Poaty Koukou…
A part Poaty, la délégation est « à 100% mbochi ». Le tribalisme décomplexé se porte bien au Congo.
Parmi la faune, une cliente en dentelles : Oniangué Itoua Tatiana. C’est la seule dame de la délégation. La congolaise a attiré mon attention.
Tatiana Oniangué a la particularité d’adorer le folklore. Elle n’a pas arrêté de parler lingala au téléphone. Visiblement elle prenait des nouvelles sur la situation salariale au pays.
Une fois la conversation terminée, Tatiana Oniangué s’est mise à écouter une chanson du folklore mbochi au salon de l’hôtel l’Hermitage. La chanson semblait vanter les prouesses d’un certain Ayessa Firmin.
A côté de la chambre 18 d’Ominga Maixent Raoult, (chambre avec vue imprenable sur la Méditerranée), se situe celle de Hugues Ibata Ngassaki. Matinale, cette grosse baleine d’Ibata est en train de se remplir la panse dans sa petite suite avec les restes du repas de la veille : du riz et des frites. « Il aurait pu prendre son petit déjeuner au lieu de manger ce qui a dormi » ironise Ominga en rigolant.
Veste griffée
Ominga Mainxent Raoult est bien habillé. Il porte un ensemble bleu marine assorti avec la couleur turquoise de la mer. Il aurait semble-t-il remis au nettoyage une veste, taillée sur mesure, sur le fond de laquelle est brodé son nom. Coût du repassage de la chemise : 10 euros. Des clopinettes pour ce milliardaire congolais.
Rodolphe Adada
L’ambassadeur Rodolphe Adada est aussi un habitué des lieux. Je l’y ai souvent vu.
Je suis moi-même un client assidu. Le charme belle époque de l’architecture m’attire. L’Hermitage est l’un des fleurons du tourisme de luxe sur le Rocher.
Des gros poissons congolais, j’en vois défiler à longueur de l’année. Des champions de la formule 1 du gaspillage.
Que sont venus pêcher ces pétroliers sur le Rocher ?
L’édition monégasque du quotidien Nice Matin est muette sur cette remarquable présence africaine dans la ville du Prince Albert.
Ces congolais sont-ils là pour un colloque sur le pétrole ou pour des vacances dorées ? Que je sache, Monaco est plutôt spécialisé dans l’industrie hôtelière, dans la Finance que dans l’or noir.
Sont-ils venus convoyer du cash pour le régime de Sassou, préparer le terrain pour des ultimes malversations ou profiter des derniers jours du pouvoir moribond du tyran congolais ? Après tout le temps leur est compté.
Cathédrale
Quelle destination va prendre la délégation après Monte-Carlo ? Paris où la petite bande de piranhas ira rejoindre la grosse délégation de Sassou attendue pour l’inauguration de la Cathédrale Notre-Dame de Paris ?
Le voyageur infatigable y sera en effet. On se souvient, il y a cinq ans, après l’incendie de la Cathédrale, Sassou contribua financièrement aux travaux de restauration du saint bâtiment tandis que, désormais, l’incendie social dans son propre pays a fini de tout consumer.
Vivement qu’on censure radicalement ce pouvoir.
Makaya Bernard