Nul n’est au-dessus des lois. C’est ce principe de justice fondamental que la Cour pénale internationale (CPI) a rappelé au monde en délivrant un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, coupable de crimes contre l’humanité. Cette décision de la CPI était certes nécessaire et attendue, mais surtout justifiée. Elle s’appuie sur des crimes de guerre et crimes contre l’humanité documentés par des organisations internationales : utilisation de la famine comme arme de guerre, meurtres de masse, persécutions systématiques, déplacements forcés de populations et politiques de colonisation en violation flagrante du droit international.
Les territoires palestiniens, théâtre de souffrances humaines indescriptibles, ont longtemps été le symbole d’une justice différée, d’un apartheid institutionnalisé dont les effets ont été accentués par l’extrémisme de Monsieur Netanyahou. La CPI, souvent critiquée pour son incapacité à agir face aux puissants, fait preuve ici d’une détermination salutaire. En ciblant un chef de gouvernement en exercice, elle envoie un signal clair : les crimes contre l’humanité ne peuvent être tolérés, peu importe le statut, la puissance ou les alliances de leurs auteurs.
Sans surprise, le Premier ministre israélien, désormais fugitif recherché, n’a pas tardé à réagir, dénonçant le mandat de la CPI comme un acte d’« antisémitisme ». Cette rhétorique, qu’il manie avec habileté depuis des années, vise à transformer une accusation avérée de crimes contre l’humanité en une attaque contre l’identité juive elle-même. Mais cette tentative de victimisation n’est plus audible. La dénonciation légitime des politiques oppressives de l’entité sioniste dans les territoires palestiniens occupés ne peut être réduite à un racisme anti juif.
Plus inquiétantes sont les prises de position des alliés de Tel Aviv. Les plus virulents menacent la CPI de représailles, tandis que les autres, plus nuancés, font étalage de leur embarras.Les uns et les autres révèlent une hypocrisie profonde. Comment ces États, si prompts à brandir les idéaux de démocratie, d’état de droit et de droits humains, peuvent-ils justifier leur rejet d’une juridiction internationale ? Comment peuvent-ils soutenir aveuglément un dirigeant cruel – et désormais fugitif recherché – dont les actions ont laissé des générations de Palestiniens dans la misère et le désespoir, alors qu’elles devraient défendre les valeurs qu’elles prétendent incarner ?
En vérité, ceserrements nous conduisent à un constat amer : dans le jeu des puissances, les principes pèsent peu et sont souvent sacrifiés sur l’autel des intérêts. Mais c’est précisément pour cette raison que le mandat de la CPI est essentiel. Il rappelle que les droits humains ne sont pas négociables et que la justice ne peut être sélective.Il est temps que les nations cessent de détourner le regard.
Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, la CPI ne cherche pas à diviser, mais à unifier l’humanité autour d’un principe fondamental : les droits de l’homme sont universels, et leur violation doit être punie, qu’elle vienne d’un dictateur ou d’un dirigeant élu.Il ne s’agit pas de politique. Il s’agit de justice. Et il est temps, enfin, qu’elle s’applique à tous, sans distinction.
L’histoire nous enseigne que l’impunité des puissants nourrit les rancœurs, et donc les cycles de violence. Aujourd’hui, la CPI nous invite à briser cette dynamique. La question est simple : le monde aura-t-il le courage de la suivre ?