Les grandes fortunes conservatrices françaises poursuivent leur emprise sur le monde médiatique. L’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) Paris, doyenne mondiale, a été reprise par des investisseurs détenteurs de médias, par le biais de groupes aux mains de conservateurs, comme Dassault ou Bolloré, a-t-on appris vendredi 15 novembre auprès de l’institution.
Parmi les « entreprises françaises qui ont accepté de participer au renforcement de l’ESJ », lit-on dans un communiqué annonçant la « reprise » de l’établissement, on trouve notamment Koodenvoi (qui compte parmi ses créateurs Marie-Hélène Dassault, dont la famille est propriétaire du Figaro), la Compagnie de l’Odet (qui chapeaute le capital du groupe Bolloré, qui a dans son giron Canal+ et Prisma médias) et CMA Média, propriété de Rodolphe Saadé (La Provence, BFM, RMC…). La Financière Agache (propriété de Bernard Arnault, qui possède aussi Le Parisien et Les Echos) et Bayard Presse (La Croix, Phosphore) font aussi partie des repreneurs.
Un entrepreneur catholique à la tête de l’établissement
La présidence de l’établissement est confiée à Vianney d’Alançon, présent dans les repreneurs par le biais de sa structure, la Financière de La Lance. Cet entrepreneur catholique se trouve derrière Rocher Mistral, sorte de Puy du Fou provençal, au château de La Barben (Bouches-du-Rhône). Depuis 2006, la présidence était assurée par Guillaume Jobin.
La direction générale par intérim est confiée à Elhame Medjahed, actuelle responsable pédagogique de l’école. L’ESJ Paris entend désormais « notamment renforcer sa position de référence dans le domaine de l’enseignement journalistique, en particulier en économie ». L’ESJ ne fait pas partie des quatorze écoles reconnues par la profession, contrairement à l’ESJ de Lille, avec qui elle n’a pas de rapport.
Créée en 1899, l’ESJ Paris s’enorgueillit d’avoir vu « passer des enseignants prestigieux tels qu’Anatole France, Charles Péguy, Maurice Ravel, Raymond Poincaré, Maurice Schumann ou encore Gaston Doumergue, ancien président de la République ». L’ESJ se targue aussi d’être « la première école de journalisme au monde ouverte aux femmes et aux étudiants étrangers ».
Le Monde avec AFP