La probable majorité absolue de Pastef à l’Assemblée nationale confronte le président Bassirou Diomaye Faye à un délicat exercice d’équilibriste entre les attentes populaires et les exigences du FMI, rapporte Reuters.
Si cette victoire législative offre au nouveau pouvoir les coudées franches pour mettre en œuvre son ambitieux programme sur 25 ans, le premier défi sera d’ordre budgétaire dans un contexte de crise fiscale, selon l’agence de presse. « Les électeurs recherchent des solutions rapides au chômage, à la hausse du coût de la vie et à la limitation des services publics dans les zones rurales reculées », souligne Wendyam Lankoande, consultant chez Africa Practice, cité par Reuters.
La tâche s’annonce ardue. Un audit gouvernemental de septembre a révélé que la dette et le déficit budgétaire du Sénégal étaient bien plus importants que ce qu’avait annoncé la précédente administration. Conséquence : le programme du FMI de 1,9 milliard de dollars convenu en juin 2023 est suspendu.
Les négociations pour relancer les décaissements pourraient s’étendre jusqu’à mi-2025, précise Reuters. « Nous considérons la majorité de Pastef comme un développement positif car elle ouvre la voie au président Faye et au Premier ministre Sonko pour commencer à travailler sur un budget 2025 globalement aligné sur les exigences du FMI », analyse Leeuwner Esterhuysen, économiste principal chez Oxford Economics Africa.
Toutefois, l’expert prévient : « Certaines de ces exigences ne seront pas nécessairement bien accueillies par les citoyens sénégalais. » Il estime cependant que le FMI pourrait faire preuve de souplesse, semblant entretenir de bonnes relations avec la nouvelle administration.
Cette victoire législative de Pastef a déjà eu un impact positif sur les marchés : Reuters note que la dette souveraine du Sénégal a vu son prix augmenter lundi, alors que la plupart des autres obligations des nations africaines perdaient du terrain.
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