Depuis 1985, Octobre Rose se dresse chaque année comme un rappel puissant, un mois de sensibilisation destiné à lutter contre les cancers féminins, en particulier ceux du sein et du col de l’utérus. On n’en parle pas assez, mais ces deux formes de la maladie figurent respectivement à la quatorzième et à la vingtième place au classement général des causes de décès en République de Djibouti, selon l’OMS. Ramené à la seule population concernée, c’est-à-dire les femmes, ce classement les met aux premiers rangs.
C’est pourquoi, cette année, notre pays s’est mis à fond dans l’effort mondial avec une mobilisation sans précédent, marquée par le lancement officiel de la campagne nationale de lutte contre les cancers féminins. C’est un moment clé pour rappeler l’importance vitale du dépistage précoce. Surtout, pour toucher les cœurs et les consciences.
Les chiffres ne mentent pas : le cancer du sein est l’un des cancers les plus meurtriers chez les femmes. Et pourtant, il est souvent diagnostiqué trop tard. Face à cette réalité cruelle, nous avons la responsabilité collective de briser les silences, d’encourager chaque femme à se faire dépister, et de faire comprendre à la société que la prévention est une arme redoutable contre la maladie.
La campagne de cette année, portée par le Centre Housseina, a pris une dimension nouvelle en étendant son action aux régions intérieures du pays. Ce n’est plus seulement une initiative centrale, mais une démarche qui touche les racines mêmes de notre nation. Grâce à la formation d’une trentaine de sages-femmes et à l’implication d’acteurs de la société civile, cette campagne se transforme en une action de proximité, pénétrant jusque dans les foyers les plus isolés. Chaque femme, quel que soit son milieu, doit pouvoir accéder à ces soins préventifs. L’injustice n’a pas sa place lorsqu’il s’agit de santé.
Mais la sensibilisation ne doit pas se limiter à l’aspect technique du dépistage. Nous devons aussi aborder les tabous qui entourent les cancers féminins dans notre société. Le cancer du col de l’utérus, par exemple, est souvent perçu avec une honte injustifiée, dissuadant nombre de femmes de consulter ou de parler de leur santé intime. Cela doit cesser. Nous devons créer un environnement où la santé des femmes n’est plus un sujet secondaire ou un motif d’embarras, mais une priorité reconnue par tous.
L’initiative du ministère de la Santé, épaulée par l’OMS et le FNUAP, va plus loin que la simple prévention. Elle touche à la dignité humaine. En offrant des services de santé reproductive de qualité à travers des unités spécialisées comme celle du Centre Housseina, notre pays se place à l’avant-garde de cette lutte pour la vie. Plus que symbolique, la volonté politique du gouvernement de faire face à la réalité est bien là. Elle consiste, entre autres, à doter notre système de santé national des moyens nécessaires pour sauver des vies.
La lutte contre le cancer féminin n’est pas seulement une bataille médicale, c’est un combat pour l’égalité, l’accès aux soins, et la dignité de chaque femme. C’est aujourd’hui un cri pour la vie. Et ce cri, nous devons tous l’entendre, le relayer, et le porter. Car demain, il pourrait s’agir de nos mères, de nos sœurs, de nos filles.
Octobre Rose est plus qu’une campagne annuelle. C’est un engagement quotidien. Faisons en sorte que chaque femme, chaque fille, chaque famille djiboutienne sache que leur santé compte, que dans cette lutte, elles ne sont pas seules. Le cancer peut être vaincu, mais pour cela, il faut agir maintenant.